Petit inconfort féminin, levons le tabou

chat-j-ai-honteQuand vous faites une séance de yoga, vous stimulez votre corps, vos énergies, vous agissez sur votre métabolisme. Cette stimulation peut parfois s’accompagner de manifestations physiques que vous pouvez trouver désagréables, ou qui vous gênent dans un cours collectif.

On n’en parle pas beaucoup, et pourtant j’ai déjà vu plus d’une personnes rougir de honte. Que ce soit le nez qui coule, des gaz intestinaux, des ronflements pendant les relaxations, …

Toutes ces manifestations sont naturelles et sont signe que votre corps réagit à votre pratique. Vous ne devez donc sûrement pas en avoir honte, et sûrement pas essayer de les retenir.  Ces manifestations donnent également des pistes de ce que vous pouvez travailler, rééquilibrer pour vous maintenir en forme.

Souvent, avec le temps et une pratique régulière, elles s’estompent voire disparaissent. Cependant, on n’est jamais à l’abri de les voir revenir.

Il existe un petit inconvénient typiquement féminin, dont on parle moins, si bien que je ne lui connais pas de nom. Mais je l’ai déjà rencontré plus d’une fois dans les cours. C’est ce que je vais appeler, faute de mieux, les “gaz” vaginaux. Ce petit souci est en fait une aubaine car il va vous permettre de découvrir et de travailler une zone de votre corps souvent mal connue et pourtant fondamentale car elle est à la source de l’ énergie : votre base (en gros, l’ensemble des muscles qui entourent l’anus et le sexe).

Les “gaz” vaginaux : qu’est-ce que c’est ?

Certaines femmes se sentent très mal à l’aise à cause de bruits de “gaz” vaginaux qui se produisent quand elles reviennent d’une posture inversée.

Je mets le mot “gaz” entre guillemets car il ne s’agit pas d’une production du corps de la femme mais de l’évacuation de l’air qui a pénétré dans le corps pendant la pratique de la posture.

Les femmes qui rencontrent ces petits soucis se sentent d’autant plus honteuses qu’ils sont bruyants, parfois longs, qu’elles n’ont aucun contrôle dessus, qu’elles ne sentent parfois même pas quand ils vont arriver.

Parfois aussi, elles s’inquiètent car elles se demandent si elles sont normales. Et comme personne n’en parle, elles n’en parlent pas non plus. Elles préfèrent alors éviter les postures inversées, ce qui est vraiment dommage. Car si vous faites un peu de yoga, vous savez à quel point ces postures sont importantes et fondamentales.

Les “gaz” vaginaux se produisent en général chez des femmes qui ont une hyperlaxité ligamentaire au niveau du bas-ventre. Cela arrive aussi souvent dans les premiers mois après un accouchement.

Dans les deux cas, les organes du bas ventre ne sont plus bien soutenus par les ligaments et “pèsent” plus fortement sur le périnée. En réponse, le périnée va se “resserrer” (c’est un muscle qui se contracte) pour contrer l’effet de la pesanteur.  Lorsque ces femmes font une posture inversée, le périnée, enfin libéré du poids des organes, se détend totalement et s’ouvre comme une porte béante. Les organes du bas-ventre “tombent” vers le diaphragme, d’autant plus que les ligaments qui les soutiennent sont trop laxes. Il s’en suit une ouverture du vagin par où l’air pénètre. Lorsque ces femmes reviennent de leur posture, tout reprend sa place initiale et l’air est expulsé du vagin, en faisant des bruits plus qu’inconfortables.

« gaz vaginaux » : Que faire ?

La bonne nouvelle, mesdames, c’est qu’il est possible de corriger ce petit problème.

Le conseil que je peux vous donner est de faire des exercices de yoga pré-et post-natal qui vont vous permettre de prendre conscience de votre base (anus, périnée, plancher pelvien) et d’y stimuler l’énergie.

 

Pour le yoga pré et post natal, je vous recommande deux livres :

1) “Bien-être et maternité” de Bernadette De Gasquet. Pour le versant anatomique. Vous y trouverez tout ce qu’il faut savoir sur le périnée et tous les exercices nécessaires pour faire sa rééducation. Je vous ai mis ci-dessous un exercice tiré de ce livre (exercice 1) qui m’a aidé à bien prendre conscience du périnée et de son fonctionnement.

2) “Accouchement, naissance, un chemin initiatique” de Martine Texier. Pour le versant énergétique. Je vous ai également mis un exercice tiré de ce livre (exercice 2).

 

A vous de jouer

Exercice 1: extrait du livre “Bien-être et maternité” de B. De Gasquet

gaz vaginaux

Allongez-vous sur le dos, les genoux sur la poitrine, un coussin sous les fesses pour surélever le bassin. Dans cette position, le périnée est complètement libéré de la pesanteur. Observer la sensation de détente dans le bas-ventre et le bas du dos. Contractez le périnée puis relâchez. Faites ça plusieurs fois.

Ma petite touche personnelle : profitez de cette position pour prendre conscience de la différence entre la contraction de l’orifice du vagin et la contraction du muscle de l’anus.

Exercice 2 : la respiration dans la base : extrait du livre “Accouchement, naissance, un chemin initiatique” de Martine Texier

Asseyez-vous en tailleur.

Phase 1 : A l’inspiration, sentez qu’une légère pression s’installe sur le plancher pelvien.

A l’expiration, ressentez que cette pression disparait, ressentez la détente. Faites cela quelques fois.

Phase 2 : A l’inspiration, sentez une légère pression sur le plancher pelvien.

A l’expiration, ressentez une dépression, une détente. Puis accompagnez la fin de l’expiration en contractant volontairement le plancher pelvien pour le faire remonter. Faites cela plusieurs fois.

Il est possible au début que vous ayez du mal à sentir. Persévérez et visualisez. Ca finira par venir…

Ma petite touche personnelle : – respirez en Ujjayi

 

Exercice 3 : Gorakshasana

Gaz vaginaux

Installez-vous dans la posture de Gorakshasana, comme sur la photo.

Les mains sont sur les plantes de pieds et les doigts attrapent les gros orteils. Vous pouvez aussi poser vos mains sur les genoux.

Si vous avez des difficultés, utilisez un coussin. Si c’est la jambe gauche qui est au-dessus, placez le coussin sous la fesse gauche. Inversément si c’est la jambe droite au-dessus.

Installez et maintenez fermement Mula Bandha (contraction du muscle de l’anus)

Visualisez et ressentez votre base, ainsi que le triangle formé par les jambes et les cuisses entre vos genoux et vos deux pieds.

Redressez la colonne vertébrale.

Respirez en Ujjayi. Allongez votre souffle. Essayez que votre expiration soit deux fois plus longue que votre inspiration. (Si vous avez déjà un peu de pratique, vous pouvez, à la fin de l’inspiration, tenir votre souffle à plein avant d’expirer).

A l’inspiration (et pendant la rétention si vous la faites), visualisez et ressentez l’expansion de l’énergie à partir de votre base.

A l’expiration, visualisez et ressentez la contraction, la condensation de l’énergie dans votre base.

Prenez conscience de l’anus, de la base, des fesses, du bassin et même des cuisses. Observer la chaleur, la fermeté. Ressentez la stabilité.

Faites cette pratique quelques minutes (essayez au moins 5 minutes).

Puis recommencez avec l’autre jambe au-dessus.

 

Ces trois exercices vous permettront de prendre conscience des muscles du plancher pelvien, de les dynamiser. Vous allez gagner en assise, en stabilité et en énergie.

Quand vous aurez retrouver de la conscience et de l’énergie dans cette zone du corps, vous penserez, quand vous faites une posture inversée, à garder cette fermeté et ce dynamisme.

Par exemple, dans la chandelle, soyez présente dans votre bassin et dans votre base. Serrez le mula bandha et maintenez fermement les muscles de votre base. Gardez des fessiers fermes et qui font monter le sacrum.

Et vous verrez que votre petit problème finira par disparaître, peut-être même plus vite que ce que vous imaginez.

Si cet article vous parle, s’il vous a aidé ou s’il vous donne des pistes à travailler, ou simplement si vous aimez, laissez un commentaire

 

 

17 Comments

  1. Hello Eve-Anne, contente que tu brises des tabous! C’est très rassurant pour tout le monde de savoir qu’il y a des endroits, sur le web ou ailleurs, où l’on peut parler de ces choses-là! Pour ma part, je ne connais pas ça car je ne suis pas encore maman, mais ça ne saurait tarder (j’espère, un jour!) Mais si ça arrive, au moins je serai au courant et je saurai quoi faire! Merci aussi pour les explications anatomiques, je trouve ça très important de l’expliquer si clairement.
    Petite question, j’avais déjà entendu parlé aussi du « stop-pipi » pour muscler le plancher pelvien? Est-ce que ça travaille sur la même zone? et est-ce que ça aide vraiment? Ou alors c’est simplement pour mieux préparer l’accouchement? Désolée, je ne suis pas encore bien au fait de ces choses là 🙂
    A bientôt,

  2. Eve Anne

    Salut Emilie,
    En anatomie classique, le périnée est un ensemble de fibres musculaires qui entourent l’anus et le sexe. Et il fait partie d’un ensemble plus large de muscles formant une « coupole » de soutien des organes et qu’on appelle le plancher pelvien. Il intervient dans le fait d’uriner, de déféquer, d’accoucher,…
    En yoga, il y a 4 « points » qui correspondent à 4 contractions. Il est proposé d’apprendre à les contracter de manière indépendante.
    muladhara : correspond à la contraction su sphincter externe de l’anus
    guddadhara : sphincter interne de l’anus (en fait le rectum)
    medradhara : sexe
    uddyanadhara : situé entre le sexe et le nombril et stimulé par la contraction du périnée.
    Autant dire que c’est chaud, ce sont des pratiques de haut vol… Pour le yoga prénatal, c’est déjà super si la future maman prend conscience des muscles qui entourent le vagin et si elle apprend à bien combiner tout ça avec sa respiration pour pousser correctement au moment de l’accouchement.
    Pour le stop pipi, j’en ai entendu parler mais je ne connais pas plus que ça. J’ai entendu dire qu’on pouvait l’utiliser pour une prise de conscience des muscles mais pas en tant qu’exercice pour éviter les infections urinaires, mais je ne sais pas ce que ça vaut.
    A bientôt

  3. Émilie

    Bonsoir, je viens de lire votre article qui m’a en partie rassuré. Je viens de vivre exactement ce que vous décrivez et j’étais morte de honte, j’en ai même quitté le cour avant la fin!! Je m’inquiète à l’idée d’y retourner. Du coup, si j’y retourne je ne sais pas trop comment faire, ne pas faire les postures inversées ou en parler aux profs (qui est un homme) pour qu’il me propose d’autres postures ?

  4. Eve Anne

    Bonjour Emilie,

    Merci pour votre témoignage.
    Je pense sincèrement que vous pouvez en parler à votre prof. Normalement, il doit être au courant de ce genre d’inconvénient. En attendant, si vous êtes gênée pendant les cours collectifs, vous pouvez peut-être simplement faire des postures jambes au mur.
    Vous pouvez faire chez vous des exercices pour le périnée. Je vous conseille « Périnée, arrêtez le massacre » de B. De Gasquet.
    Rassurez-vous, ça se corrige, et peut-être plus vite que ce que vous pouvez penser.
    Bon yoga !

  5. e

    Merci Eve Anne pour ces lignes optimistes et ces conseils
    Je pratique depuis 5 ans, suis devenue heureuse maman il y a 6 mois et malgré les séances de réeducation du périnée avec sage-femme, je ‘redoute’ sarvangasana, sirsasana et toutes les postures inversées (pourtant si salutaires) depuis que j’ai vécu ces désagréments…
    Trop gênée d’en parler à mon professeur, je vais me focaliser sur ces exercices…
    E.

  6. Eve Anne

    Bonjour e,

    Merci pour votre témoignage.

    Et surtout félicitations et bienvenue à votre bébé 🙂

  7. Pauline

    Bonjour,
    Une petite astuce qui a marché pour moi en attendant une amélioration de ce côté la, c’est de mettre un tampon juste avant le cours ;)) A vrai dire je rencontrais ce problème la meme avant d’être enceinte mais depuis, et ce malgré un réeducation achevée, cest encore pire 🙁

  8. Hayley

    Hello,

    Tout d’abord je tiens à vous remercier pour cet article. Je pratique le yoga cela fait un mois et demi, une fois par semaine et durant toutes les séances j’ai connu ce problème de « gaz vaginaux ». Du coups j’ai vraiment du mal à me concentrer sur ce que je fais et cela m’agace car je ne peux en profiter pleinement. Je ne suis pas encore maman, j’ai parlé de ce petit problème à une ami l’est elle mais qui me dit rencontrer ce problème après ses règles seulement. Cela me fait avoir honte que j’ai même penser à arrêter, Merci beaucoup pour cet article. Cela me rassure de savoir que je ne suis pas la seule.

  9. Eve Anne

    Bonjour Hayley,

    Merci pour votre témoignage. Et non, effectivement, vous n’êtes pas la seule.
    N’hésitez pas à en parler en privé à votre professeur, en privé si nécessaire.
    Il vous aidera à trouver une solution

    Bonne continuation dans votre pratique du yoga

  10. Merci merci merci …. C’est un tabou… Une gêne horrible et au Mexique encore plus… J’ai 45 ans et deux accouchements…

    Je vais suivre à la lettre… Et peut être bien tôt jen serai libre et ravie.

    NAMASTE

  11. Eve Anne

    Bonjour Ana Paula,

    Et oui, c’est fou qu’à notre époque, ce genre de sujet soit encore tabou à ce point.
    Merci en tout cas pour votre témoignage et bonne continuation à vous

  12. Celine

    Merci infiniment pour ce partage d’exercices que je vais mettre en application dès maintenant. Ce désagrément est en effet très gênant et, je me rends compte que la rééducation périnéale post accouchement en France est à revoir… 🙂

  13. Eve Anne

    Bonjour Céline,

    Merci pour votre témoignage.

    bonne pratique !

  14. Legobien

    Bonjour,

    J’ai 24 ans , 0 accouchement à mon actif et pourtant… a chaque inversions ça n’y loupe pas. J’aimerais comprendre pourquoi mon périnée est aussi faible que celui d’une femme ayant accouché …

    J’ai bien repéré qu’il y a des périodes hormonales plus propices que d´autre ( regles , ovulation ) j’arrive parfois à éviter ce désagrément en expirant au moment de monter en sirsasana ou autre inversion .. ou en contractant Mais je n’arrive pas toujours à tenir sur la longueur. On m’a dit que la course à pied peut influencer aussi ces bruits vaginaux çà peut aussi être une explication pour ma part..
    J’ai aussi fait un peu de musculation ( je suspecte que les soulèves de barre de poids n’ont pas’ aidés ) les infections urinaires peuvent elles elles aussi être un facteur qui expliquerait ma faiblesse ?
    Je débutes une formation de yoga d’ici peu et je suis très inquiète. Alors je pense que je vais me procurer rapidement un livre sur le périnée dont vous parlez .

    Merci infiniment de parler de Ce sujet trop tabou !!

  15. Eve Anne

    Bonjour,

    Ne soyez pas trop inquiète.
    Je pense au contraire qu’une formation en yoga va vous donner des solutions. N’hésitez pas à en parler avec le prof.
    Si le problème est vraiment très important et gênant, il existe aussi de la rééducation.

    Bonne continuation

  16. Céline

    Bonjour,
    j’ai arrêté le yoga à cause de ce désagrément. Malgré trois sortes de rééducation périnéale différentes et cinq ans de Ashtanga, le problème persiste. Une fille m’a un jour parlé de « bouchon » pour éviter ce genre de désagrément (histoire d’éviter les tampons) mais je ne trouve ces « bouchons » nulle part. Est-ce que cela vous dit quelque chose?

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