Yoga en mouvement ou yoga en immobilité ?
Aujourd’hui, en fonction de l’école de yoga que vous choisissez, vous avez beaucoup de façons de faire différentes. Certaines écoles proposent des pratiques dynamiques, toujours en mouvement. C’est ce qu’on appelle le « flow ».
D’autres sont à l’extrême inverse et proposent de tenir des postures dans le temps plusieurs minutes (jusque 25 minutes).
D’autres sont un peu « entre les deux ». On y tient les postures le temps de quelques souffles ou quelques minutes …
On me demande parfois « Qu’est-ce qui est le mieux ? » … Bonne question … Le mieux, c’est d’essayer et de trouver ce qui vous convient …
Il n’y a pas de mieux ou de moins bien, il y a juste des différences et c’est très bien. Il y en a pour tout les goûts, toutes les humeurs et tous les instants.
Dans le yoga que je pratique, la finalité d’une posture est de la tenir dans le temps (jusque 20-25 minutes pour certaines postures). Ca ne veut pas dire qu’on va y arriver dès le premier jour. C’est un processus à long terme. Ca ne veut pas dire non plus qu’on ne fait jamais rien de manière dynamique, c’est à dire avec plus de mouvements et en synchronisation avec le souffle.
Quand pratiquer dans l’immobilité et la puissance, quand pratiquer le yoga en mouvement ? Je vous ai fait une petite liste de réponses. Je ne prétends pas avoir « LA » réponse. Ceci est plutôt un partage d’expérience et de ressenti personnel.
Quand pratiquer le yoga en mouvement ?
– Quand j’ai besoin d’un petit coup de peps, d’un petit coup d’énergie immédiat.
Si je me sens fatiguée et que je ne peux pas me permettre ou que je n’ai pas envie de simplement me reposer (j’ai encore des choses importantes à faire dans ma journée par exemple), le fait de faire une pratique en mouvement (5 ou 10 minutes d’étirements, quelques salutations au soleil, …) va me redonner un coup de peps de manière presque instantanée
– En début de séance, quand je me sens vraiment rouillé(e) ou vraiment stressé(e) et tendu(e)
Si vous avez eu une journée fatigante ou stressante, vous ne pouvez pas directement vous mettre sur votre tapis pour une pratique intense. Il vous faut un sas de décompression. Cela peut être un peu de relaxation, un souffle, quelques étirements en mouvement, quelques salutations au soleil.
– Quand je veux avoir une action plus ciblée sur le corps physique
Par exemple, en yoga thérapeutique, les pratiques se font de manière plus douces mais aussi plus en mouvement que dans la pratique classique. Le mouvement va avoir un impact plus direct sur l’enveloppe physique alors qu’une pratique plus en immobilité où on tient une posture dans le temps va avoir des effets plus ciblés sur le corps énergétiques et le corps mental
– Quand c’est trop difficile de faire la posture en version statique.
Certaines postures sont parfois tellement difficiles que, les premières fois où on s’y essaie, on n’arrive tout simplement pas à les tenir dans le temps. Dans ce cas, on adapte la pratique en faisant des versions dynamiques où on va synchroniser le mouvement avec le souffle.
Par exemple : l’arc, le chien tête en haut, le cobra,etc … où on va monter dans la posture en inspirant, tenir le souffle poumons pleins dans la posture et relâcher la posture sur l’expiration, et ainsi enchaîner plusieurs fois la posture (faire 3 ou 5 fois l’arc par exemple).
– Quand, face à une émotion trop vive ou un stress, j’ai une sensation de “trop plein” à extérioriser, à évacuer
Quand pratiquer le yoga dans l’immobilité ?
– quand mon désir n’est pas tant d’agir sur le corps physique mais de vouloir avoir un impact plus puissant sur le mental.
Tenir une posture dans l’immobilité va nous donner beaucoup plus de puissance mentale, plus de focus, de concentration. Ca va aussi augmenter la puissance dans le corps, l’endurance, la volonté
– en milieu de séance, quand je veux aller plus loin dans ma pratique et dans ses effets
Après les premières minutes de mise en route, si je veux aller plus loin dans l’intensité, dans la puissance, dans la volonté et dans le travail du souffle, je peux faire des pratiques en immobilité
– Quand je cherche des effets plus profonds sur le long terme.
Le mouvement va amener des effets peut-être plus agréables, plus instantanés, plus dynamisants rapidement. L’immobilité, au début, n’est pas forcément facile ni agréable mais va amener avec le temps des effets de grande profondeur. L’immobilité impacte, grave les choses de manière plus intense sur le plan mental et sur le plan du souffle.
– quand je suis dans une démarche plus spirituelle.
Si je veux faire une réelle introspection, plus profonde, une recherche plus en profondeur, il est bon de s’immobiliser
– quand je veux méditer.
En yoga traditionnel, l’état méditatif est un état d’immobilité où corps, souffle et mental s’immobilisent
– quand je veux court-circuiter le processus discursif, le processus de la pensée.
Si le corps est trop en mouvement, si le souffle est trop rapide ou agité, le mental ne peut pas s’arrêter. Les pensées se stabilisent quand le corps et le souffle s’immobilisent.
– quand je veux me relâcher profondément.
Par exemple dans la posture de savasana pour faire une relaxation ou pour faire du yoga nidra. On va s’immobiliser totalement et c’est ce qui va permettre de faire une introspection profonde et même, dans le cas du yoga nidra, d’atteindre des états de conscience modifiés.
– Quand, face à une émotion trop vive ou un stress, j’ai un besoin d’intériorisation, de me recentrer
Immobilité, mouvement et les énergies de feu
Le mouvement est relié à ce que les yogis appellent l’énergie du feu. Cette énergie est celle dont nous avons besoin pour agir dans le monde à l’extérieur, pour digérer aussi dans le sens premier et dans le sens figuré du terme. Pour un bon fonctionnement, cette énergie doit être contenue dans le ventre (manipura chakra).
Il peut arriver que cette énergie déborde, qu’on ne sache plus la canaliser. Elle peut alors envahir d’autres chakras comme le coeur ou la gorge. Ceci entraîne des réactions émotives, de excitabilité, du stress ou de l’angoisse.
A l’inverse, il peut arriver qu’on manque de feu. Dans ce cas, on n’est plus sujet à la fatigue, à la procrastination, à la paresse, à un manque d’envie, …
L’idéal est donc d’avoir beaucoup de feu ET de le canaliser là où il doit faire son travail.
Ainsi, il est parfois aussi intéressant d’aller à l’inverse de ses envies.
Si vous êtes de tempérament “boosté”, surexcité, si vous avez tendance à sauter partout, vous allez adorer faire les choses en mouvement. Mais peut-être y gagneriez-vous de temps en temps à vous faire violence, à vous immobiliser un instant. Tenir une posture dans le temps va vous challenger sur votre concentration, votre volonté, votre patience. Cela peut vous aider à vous centrer.
Si vous êtes sujet à la fatigue, à des états de lourdeur, si vous avez souvent besoin de repos. Ou encore si vous êtes ultra fan de méditation, de relaxation mais que vous rechignez devant les pratiques en puissance ou qui demandent de l’effort physique, c’est peut-être un signe que vous manquez de feu. Peut-être pourriez-vous essayer de vous faire un peu violence pour bouger, pour remettre du mouvement et de l’effort physique dans votre pratique.
L’art est donc d’apprendre à se connaître, d’oser la véritable introspection pour savoir, au moment T, « De quoi ai-je vraiment besoin ici et maintenant, dans ma pratique ? ». Et puis de jongler, de tester, d’observer, d’accepter, … et toujours, quoi qu’il en soit de s’amuser …
Et vous, quelle est votre façon de pratiquer ? Yoga en mouvement ou en immobilité ou les deux ? Dites-moi tout dans les commentaires !
Encore un article fort intéressant… Merci ! et belle continuation 😉
Françoise alias Yantra
Bonjour, merci pour ce bel article. C’est toujours un plaisir et un enrichissement de te lire. Pour ma part je pratique en priorité de l’ashtanga yoga mais j’ai besoin de faire du yin de temps en temps. Cela dépend de mon instant présent et de la situation comme tu l’as parfaitement décrit. L’immobilité permet de recadrer, de recentrer plus en profondeur. Que le voyage continue à vous enrichir….
Bonjour,
Merci et bonne pratique !
Bonjour Françoise,
bonne continuation à vous aussi
Bonjour,
Oui, bel article complet et clair. Merci et cela donne à réfléchir. Je trouve de mon côté, à mon petit niveau, des bénéfices et bienfaits dans les deux pratiques et je ressens nettement la différence. Ce que je sens surtout dès maintenant, c’est que si je persévère dans la pratique du yoga en général (et en particulier l’assiduité quotidienne à ce cours) sur un temps long, j’en ressentirais profondément les bénéfices quelle que soit la façon de pratiquer.
Merci Eve-Anne
Serge
bonjour Serge,
Merci pour votre retour sur l’article !
Oui, le principal est de pratiquer régulièrement et avec coeur !
Bonne pratique et à bientôt