Laissez -moi vous raconter ma belle aventure avec yoganidrasana…
Dans la pratique du yoga, l’entraînement, la régularité, l’engagement sont la clé du progrès. C’est une certitude.
Il n’y a pas de secret, il n’y a pas de miracle. Pratiquez et vous récolterez les fruits. Ne pratiquez pas et il ne se passera jamais rien.
Parfois le progrès suit une droite, il est linéaire.
Chaque jour ou chaque fois que vous pratiquez une posture, vous sentez que vous la faites de mieux en mieux, que vous gagnez un peu plus de souplesse ou de force…
Par exemple, vous voulez apprendre le grand écart. Vous vous y essayez une première fois et vous vous rendez compte qu’il vous manque 20 cm pour que votre bassin touche le sol. Vous allez vous entraîner et progressivement, le nombre de centimètres pour atteindre le sol va diminuer. Et puis, un jour, ça y est, vous faites le grand écart.
Parfois, le progrès se fait sous forme de “bond”, ce que j’appelle “un déclic”. En fait, c’est pour moi l’équivalent de ce qu’on appelle un “saut quantique”. Vous pouvez très bien vous entraîner pendant des mois, des années sur une posture et ne pas voir de progrès. Et puis, tout à coup, un déclic se fait. Vous ne savez pas pourquoi mais il y a quelque chose de différent, comme un espace qui se libère. Votre corps est devenu plus “intelligent”, plus libre. Il ressent et comprend tout à coup les choses différemment. Et vous gagnez en une fois ces 20 cm qu’il vous manquait pour faire votre posture.
Si je vous parle de ça, c’est parce que j’ai déjà expérimenté ce “déclic”. Mais il y a quelques jours, je l’ai vécu de manière particulièrement significative.
C’est qui encore plus intéressant, c’est que c’est un problème de santé qui m’a permis de faire “le bond”.
En fait, ça va un peu plus loin que ça. C’est aussi une expérience du “moment présent”.
Yoganidrasana
Croyez-moi ou pas, je vous assure qu’il y a encore quelques jours, la posture de yoganidrasana me paraissait à des années lumières de ce que je pouvais faire. Je ne m’y étais même jamais vraiment essayée.
Les rares fois où j’avais tenté de placer mon pied derrière la nuque m’avaient laissé un goût d’impossible, genre : “Il te manque au moins 15 cm. Et ces 15 cm-là, ma fille, même pas dans tes rêves …”. Bref, ce n’était pas pour moi.
Pourquoi ? je n’y voyais qu’ une péripétie du corps, un exploit anatomique. Je n’avais pas saisi le “sens” de cette posture. Bref, je n’avais rien compris.
NB : Je tiens quand même à préciser une chose importante. Dans la plupart de mes articles, vous pouvez trouver des pratiques accessibles quasiment à tout le monde et je vous encourage à vous y essayer chez vous. Ici ce n’est pas le cas : ceci n’est pas pour les débutants. Ne faites pas n’importe quoi, ne vous faites pas mal.
Laisser le corps être un guide et se laisser surprendre
J’ai vécu cette expérience un soir où je me sentais fatiguée, pas très en forme physiquement, mal au ventre,… Je me suis couchée sur mon lit et je me suis simplement laissée aller. je n’avais absolument aucun objectif. Je ne me suis pas dit que j’allais faire du yoga, encore moins “yoganidrasana”.
Spontanément, je me suis mise sur le dos, en repliant les jambes et les laissant aller de chaque côté du corps.
Ah! Ca fait du bien. Le bas du dos qui s’étire et une tension dans le bas-ventre qui se relâche.
Je suis restée comme ça quelques instants.
Puis spontanément, j’ai eu envie de rouler vers l’arrière. Pour y arriver, j’ai dû passer mes bras à l’intérieur des jambes et attraper les pieds.
Le dos a continué de se relâcher, cette fois plus haut, là où je ressentais un “truc coincé”. Et j’ai senti quelque chose qui se “comprimait” agréablement dans le ventre.
De nouveau, j’ai attendu.
Cette fois, c’était l’espace entre les omoplates qui réclamait le même relâchement que le reste du dos et je me suis mise les pieds loin derrière. Parallèllement, j’ai senti le ventre se “condenser”. C’était comme si je le sentais “protégé” et que je pouvais “lâcher” quelque chose.
Finalement, j’ai ressenti le besoin d’allonger la nuque dans l’alignement du reste du dos. J’ai soulevé la tête, en faisant une forme de Jalandharabandha (càd que j’ai collé le menton contre la gorge). J’ai senti que, pour aligner la nuque, il fallait avancer les épaules.
Pour m’aider au début, j’ai soutenu la tête avec les mains.
Quel bonheur ! L’impression que j’avais mis de l’espace entre chaque vertèbre… Que tous les nerfs étaient “décoincés”. Plus de mal au ventre. Un sentiment de paix …
Et puis seulement j’ai réalisé …”T’as vu où t’as mis tes pieds ?” Au point où j’en étais, y avait plus qu’à … Un dernier ajustement pour ressortir un peu plus les épaules … Et hop, la place était faite pour les pieds derrière la nuque.
J’ai compris pourquoi ça s’appelle “yoganidrasana” (Yoga Nidra signifie “yoga du sommeil”) : je me sentais installée sur le meilleur matelas du monde.
Sur les photos ici, j’ai superposé trois tapis pour amortir le contact des vertèbres avec le sol.
J’ai testé aussi une version où j’ai placé le zaphu sous les fesses et le bas du dos. Ca marche très bien si vous sentez que le poids du corps tend à faire partir les fesses trop vers le sol.
Yoganidrasana : Les bénéfices
Après avoir fait la posture, je suis allée voir ce qu’en dit la “Bible du yoga” de BKS Iyengar. Les effets principaux sont :
– un étirement maximum du dos et de la colonne avec un sentiment de repos. Les nerfs sont apaisés.
– les abdominaux sont contractés au maximum. Les organes internes, les poumons sont comprimés, tonifiés et “mis à l’abri des maladies ».
– stimulation des gonades qui apporte énergie et vitalité.
C’était tout à fait ça, exactement ce que j’ai ressenti.
La conclusion de tout ça.
Aujourd’hui, nous avons à notre disposition tout un tas d’informations, de livres, de vidéos, d’articles de blog … sur les pratiques du yoga, sur les effets de chaque pratique. Souvent, on choisit de faire une posture et on observe notre corps, on observe les effets. Et si nécessaire , on “corrige”.
Il est plus rare de simplement se laisser aller sans objectif.Il est plus rare d’écouter vraiment ce que le corps a besoin ou envie de faire ici et maintenant, pour finalement se laisser surprendre par la posture dans laquelle on se retrouve.
Dans cette expérience de yoganidrasana, j’ai simplement laissé mon corps et ses sensations mener la barque. Et il m’a conduit vers la pratique exacte et précise dont j’avais besoin à ce moment-là. Il m’a même conduit naturellement au-delà de ce que je pensais possible parce que, dans ce contexte-là, c’était juste que ça se passe comme ça.
Si je vous raconte cette expérience, c’est pour vous encourager à l’introspection, pour vous encourager à développer cette acuité sensorielle, cette intelligence que votre corps possède.
Même si on le dit souvent, même si ça paraît une évidence quand on le dit, je crois qu’il est utile de le répéter (et je suis la première à devoir me le répéter) :
faire une posture juste pour faire une posture, ça n’a pas d’intérêt.
Par contre, comprendre la posture, çàd sa fonction énergétique et/ou symbolique fait toute la différence.
Qui peut comprendre cette fonction ? Le corps. Jamais le mental.
Je crois que j’aurais pu passer des mois voire des années à planifier mentalement mon programme d’entraînement pour assouplir ceci ou cela dans le but de faire un jour cette posture, je serais quand même passée à côté…
Lorsque l’intelligence du corps s’exprime, la position est juste.
Souvent, des élèves me demandent : “A quoi sert telle ou telle posture ? Quels sont ses bénéfices ? Pourquoi on fait ça ?”. Je donne quelques réponses « théoriques » (mais pas trop) et j’insiste surtout pour que la personne parte en « exploration » , expérimente et découvre par elle-même les effets.
“Rentre chez toi, pratique la posture, reviens dans quelques semaines ou quelques mois et tu me diras à quoi cette posture t’a servi”. Je sais que cette phrase peut gêner voire parfois choquer notre mental occidental très analytique. Et pourtant, il n’y a que votre expérience personnelle qui vous apportera vos réponses ….
Je vous encourage à vivre votre séance de yoga ici et maintenant. Je vous encourage à prendre conscience de votre état, à l’accepter et à faire avec.
Laissez l’intelligence du corps s’exprimer et vous aurez peut-être quelques belles surprises…
Si cet article vous a plu, laissez-moi un commentaire, ça fait toujours plaisir …
Très beau partage, et félicitation pour ce beau moment que tu as su vivre pleinement.
Merci Aude 🙂
Merci pour cet article. quel magnifique témoignage sur le lâcher prise et l’écoute du corps.
Merci à toi Florence
j’en rage d’envie moi qui ai l’impression qd j’essaie des nouvelles postures d’être handicapée et idiote
Bonjour Béatrice,
Patience, persévérance, amour de soi et écoute attentive du corps…
Chaque chose vient à son heure 🙂
Vous expliquez incroyablement bien l’effet que cela fait de sentir les postures et le souffle, vous devez être une prof précieuse. UN grand merci du fond du coeur pour ce site!
Bonjour 1Kat
et merci pour votre commentaire
Je suis ravie que ce blog vous plaise autant.
moi il me manque au moins 30 cm pr faire le chameau en arrière, je dois me « contenter » snif de laisser les pointes des doigts sur les hanches, mes épaules ne veulent pas se détendre en arrière malgré x étirements (dur dur) ! donc qd je vous vois je suis époustouflée, encore merci pr ce partage en espérant qu’un jour mon cher corps (grrr) me permette d’en faire autant
J’avais déjà lu ton article que j’ai mis en favoris. J’ai été opéré, Laminectomie L4 et L5, il y a deux mois. Plus de torsions, de penchers avant ou arrière, plus de beaucoup de choses si ce n’est ce que le corps veut bien parce qu’il peut. Le Mental en retrait et une réalité d’écoute amplifiée. C’est en un sens formidable, après mon chat, mon corps redevient le guru.
Merci pour ton article, meilleurs souhaits de cheminement