J’ai écrit cet article à l’occasion de la 82ème édition de la rencontre “A la croisée des blogs” organisée par le site “DéveloppementPersonnel.org”. Le thème de cette rencontre inter-blogs est “Ralentir pour réussir” proposé par Alexandre du blog “C’éclair”
Vous êtes-vous déjà senti débordé, dépassé, désorganisé ?
Préoccupations, stress, fatigue, … Vous est-il déjà arrivé que les évènements de la vie vous échappent malgré l’énergie et le temps investis, malgré votre bonne volonté ? Vous courrez, vous vous agitez, vous vous épuisez … Et vous ne vous sentez pas heureux, malgré tous vos efforts.
Par contre, avez-vous déjà connu l’extrême inverse ? Avez-vous déjà pris le temps de vous arrêter ? De savourer, d’ ”être”, ici et maintenant ?
Si vous ne l’avez jamais fait, je vous invite, la prochaine fois où vous vous sentez dispersé, à prendre 5 minutes pour vous arrêter. Asseyez-vous, prenez simplement conscience de votre respiration, de votre environnement, de votre état et de vos sensations. Vous pourrez ainsi constater qu’ il peut être simple de se détendre, de se recentrer, de se ressourcer.
Ralentir et s’arrêter : un objectif du yoga
Dans le yoga, l’immobilité est un état privilégié, un état de saveur recherché. Il est défini comme un état de conscience pure et de bonheur.
Pour atteindre l’immobilité, trois choses doivent s’aligner :
– le corps s’immobilise
– la respiration devient subtile et se suspend,
– alors la pensée s’arrête
Lorsque le corps, le souffle et le mental s’arrêtent, le yogi touche à un état de plénitude. C’est l’état méditatif.
Cependant, notre mental constamment préoccupé, nos pensées en perpétuel mouvement, nos émotions nous empêchent d’accéder à notre véritable pouvoir de concentration, de présence et de sérénité.
Pourquoi est-ce si difficile de s’arrêter ?
Pour le comprendre, intéressons-nous de plus près à l’ordinateur central qui nous “commande” : notre cerveau.
Notre cerveau est divisé en deux : le conscient et l’inconscient (ou subconscient).
Pour saisir quel est le rôle de chaque partie, imaginez une situation où vous êtes en voiture.
Vous conduisez et vous faites la conversation avec votre passager. Votre conscient gère votre conversation, ce à quoi vous êtes attentif. Pendant ce temps, votre inconscient s’occupe de tout le reste, depuis les battements cardiaques et la digestion, jusque l’ensemble des gestes que vous avez dû apprendre pour conduire et que vous pouvez maintenant reproduire sans même y penser.
En plus de tout ça, votre inconscient perçoit des millions d’informations provenant de l’environnement, informations auxquelles vous ne prêtez aucune attention consciente. Par exemple, pendant que vous maintenez votre attention sur votre conversation avec votre passager, votre inconscient perçoit la température de l’air, le ton de la voix et les expressions faciales de votre interlocuteur, la couleur de ses chaussures, … mais aussi les arbres qui bordent le côté de la route, la couleur et la vitesse des voitures qui arrivent en face de vous, le bruit que font vos essuie-glace, etc …
Toutes ces informations sont traitées et “cataloguées” : soit “positives, bonnes”, soit “neutres”, soit “négatives, dangereuses”.
Ce qu’il faut comprendre ici, c’est que ce “catalogue” est complètement hors de votre compréhension consciente. La seule chose que vous percevez est votre état émotionnel. Vous vous sentez bien quand vous êtes en présence des informations cataloguées “bonnes” et vous êtes en stress quand vous êtes confronté aux informations cataloguées “mauvaises, dangereuses”.
Dans le tableau ci-dessous, vous trouverez quelques caractéristiques qui différencient le conscient et l’inconscient.
Les caractéristiques du cerveau “inconscient” | Les caractéristiques du cerveau “conscient” |
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pendant notre enfance, notre vie in utéro, et provenant de nos ancêtres |
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Reproduit “sans réfléchir” les programmes qu’il a enregistrés |
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Votre inconscient, c’est-à-dire l’ensemble de vos comportements réflexes, de vos habitudes, représente 95 à 99% de votre fonctionnement cérébral habituel. Au quotidien, vous n’êtes réellement conscients que de 1 à 5 % de ce que vous faites.
Voilà pourquoi il est si difficile de “s’arrêter”. 95% de nos activités cérébrales sont inconscientes. Cela signifie que ce sont 95 % de nos activités sur lesquels nous n’avons pas le pouvoir conscient de nous arrêter.
C’est de là que vient ce que le yoga appelle “les perturbations du mental”
Nous ne sommes pas conscients :
- des millions d’informations perçues de notre environnement
- de ce que représentent ces informations en terme de survie pour notre inconscient.
- de toutes les croyances qui nous animent, ni de leur origine (que ces croyances soient positives ou qu’elles sabotent notre existence).
L’importance de ralentir
Si notre stress, nos peurs, nos échecs, le sentiment d’être malheureux nous viennent des perturbations du mental, alors, nous dit le yoga, calmons ces perturbations. Toutes les pratiques du yoga ont cet objectif en commun.
Immobilisons notre corps, notre souffle et ainsi notre pensée. Nous serons pleinement conscients, nous pourrons nous connaître. Nous pourrons sortir de nos conditionnements, de nos schémas, de nos jugements.
C’est bien beau tout ça mais … il y a le dire et puis … il y a le faire … !
Pour certaines personnes, rester sans bouger plus de quelques secondes est absolument insupportable. Si vous êtes quelqu’un de “speedé”, rien que l’idée de vous assoir pour méditer 5 minutes peut vous donner des boutons. Alors, commençons déjà par ralentir.
Comment ralentir ?
Je vous propose deux exercices de yoga pour vous permettre de ralentir, de vous détendre et d’aiguiser votre conscience.
Si on devait les placer dans une catégories, ce serait la catégorie : “Savourez les choses simples”
1) Matra Yoga : respirez en rythme
Le “Matra” est une unité de temps typique du yoga. Il a deux caractéristiques :
– il est personnel. La quantité de temps que dure le matra est différent pour chaque personne
– il est plus lent que la seconde (entre une et deux secondes)
Selon le yoga, sortir du rythme de la seconde, c’est sortir des conditionnements de l’espèce et de la société. C’est prendre du recul, vivre en fonction de ce qu’on est plutôt qu’en fonction de ce que les autres attendent de nous.
- Asseyez- vous confortablement en tailleur (jambes croisées). Vous pouvez mettre un coussin ou une couverture sous les fesses pour bien vous aider à redresser le dos.
- Respirez en rythme : 1 temps d’inspiration pour 2 temps d’expiration. Par exemple, si vous comptez jusque 3 à l’inspiration, vous compterez jusque 6 à l’expiration.
- Comptez LENTEMENT, sur le rythme du matra. Il vous faudra peut-être un peu de temps les premières fois pour découvrir ce rythme et pour ressentir l’apaisement. Puis, avec la pratique,votre corps et vos énergies vont se “conditionner” et vous pourrez vous recentrer de plus en plus rapidement et facilement.
Soyez attentif au passage de l’air dans le nez. Ressentez la fraîcheur à l’inspiration, la chaleur à l’expiration.
2) Prenez le temps de savourer ce que vous mangez
Ca paraît très bête et pourtant, … beaucoup de personnes ingurgitent leurs aliments sans être attentives au goût. Prenez le temps de mâcher, de profiter des odeurs et de la saveur de vos aliments.
Habituellement, vous prenez peut- être trois ou cinq secondes pour mâcher une carotte avant de l’avaler. Jouez le jeu cette fois de prendre 10 – 20 secondes. Etes-vous vraiment attentif et concentré sur le goût de votre carotte ? Etes-vous conscient de toutes les subtilités de sa texture ?
Avez-vous déjà pris le temps d’un repas où vous faites participer tous vos sens ?
Quel est l’aspect de vos aliments? Ont-ils l’air appétissants ? Vous demandez-vous si vous avez vraiment envie de les manger ? Vous sentez-vous saliver ?
Quelle est leur odeur ? Sentez-vous l’air parfumé dans votre nez ? Vous arrêtez-vous sur toutes les nuances du parfum ?
Quelles sont les saveurs ? Sentez-vous vraiment le sucré ? l’amer ? … Vous arrêtez-vous sur la subtilité des mélanges?
Quelle est la texture des aliments dans votre bouche ? Savourez-vous l’acte de “croquer” ? Prenez-vous le temps de “laisser fondre”…?
etc … etc …
Merci pour cet article très fouillé… Bonne soirée
Merci à toi 😉
Très très bon article Eve-Anne. Ralentir, se poser, méditer. Autant de choses que l’on devrait faire lorsque, justement, on n’a pas le temps! On a tous nos raisons d’être en mouvements perpétuels, mais s’arrêter demande une telle discipline. Pour ma part, en tout cas. Tu m’as appris beaucoup de choses dans cet article. Conscient/inconscient. Je ne savais pas que l’inconscient occupait une part si importante. Je savais que c’était important, mais pas à ce point. ça explique beaucoup de choses. Pour ma part, en plus du yoga et de la méditation, je fais parfois appel à une kinésiologue pour régler un tas de choses de l’inconscient. A chaque fois que j’y vais, j’ai l’impression d’avoir résolu mille trucs. Mais je suis certaine que la méditation pourrait m’apporter bien plus si je prenais plus souvent le temps de ralentir 🙂 Merci beaucoup pour cet article vraiment intéressant.
Bonjour,:-)
Excellent article, j’aime beaucoup la yoga, parce que je trouve qu’il est une alternative entre ralentissement et quand même mouvement. Par contre J’aime bien le yoga un peu sport, quand c’est du style trop méditatif j’ai mon corps qui demande à bouger…. Et je ne peux pas imaginer ma journée sans faire ma petite salutation, et respirer un bon coup!
Savourer ce que l’on mange, oui ça permet d’être dans l’instant présent… j’ai tendance à manger en lisant mes mails, pour gagner du temps…:-(
Exercices de yoga pour ne pas avoir d’abdos en bétons… ma curiosité est aiguisée….?? Alors que mon souhaite serait plutôt d’avoir des abdos en bétons… 🙂
🙂
Bonjour Ophélie,
merci pour ton commentaire.
Les salutations au soleil sont un vrai petit bonheur et je comprends ton intérêt pour les yogas plus « sportifs » (même si je suis revenue personnellement aujourd’hui vers un yoga traditionnel).
Je vois tout à fait ce que tu veux dire quand tu dis que ton corps a besoin de bouger. Il y a encore quelques années, j’étais incapable de m’asseoir plus de quelques minutes sans bouillir à l’intérieur. Encore aujourd’hui, je ressens parfois ce besoin de d’abord bouger avant de pouvoir me poser. Et ce qui aide beaucoup par rapport à ça, c’est le pranayama. Des souffles rapides comme le kapalabathi, le bhastrika,… sont idéaux pour évacuer le trop plein et mènent naturellement, sans se faire violence, à des états de calme et d’immobilité.
Bonne pratique !
moi je me suis arrêtée car mon corps m’a dit stop et que je me refusais à l’écouter : donc cou et hanches bloquée, douleurs y compris la nuit et surtout du mal à marcher…donc grosse remise en question
Bonjour Béatrice,
Et oui, on n’a pas toujours envie d’écouter cette petite voix ou ces signaux jusqu’au moment où notre corps ne nous laisse plus le choix. Ce n’est pas toujours facile de l’accepter mais je suis sûre que ça peut être le début de quelque chose de meilleur.
Prenez soin de vous