“6h30 ! Debout”
“Vite, 8h00, je vais rater le métro”
“Allez les enfants, il est 20h, c’est l’heure du dodo”
Tic Tac Tic Tac … Ainsi se construisent nos journées, sur le rythme stressant de nos horloges.
Voici un petit « truc de yogi » tout simple à appliquer non seulement dans votre séance de yoga mais aussi n’importe quand au quotidien, pour éliminer l’effet stressant du temps.
Je vous présente mon ami le MATRA.
La seconde, un rythme adapté à la société mais pas à l’individu
Pour pouvoir vivre en société, nous avons dû nous « synchroniser ». C’est une bonne chose, c’est une nécessité. Pour que le monde puisse tourner, pour que les individus puissent se comprendre et s’organiser, nous avons créé le calendrier. Celui-ci, basé sur la course du soleil, divise le temps en années, en mois, jours, heures, minutes, secondes. Et nous nous sommes ainsi conditionnés à vivre sur le rythme de la seconde.
Un petit clin d’oeil à ce propos qui nous montre à quel point ce tempo (la seconde) est ancré en nous : Lorsque la marseillaise est jouée dans des cérémonies officielles, elle est souvent jouée à un tempo de 120 à la noire. Cela signifie qu’on bat la pulsation du morceau 2 fois par seconde. Cette vitesse d’exécution n’est pas le rythme original du morceau qui était à la base plus lent. C’est curieux de constater comment un tempo calqué exactement sur le rythme de la seconde s’est mis naturellement et inconsciemment en place alors qu’il s’agit d’un morceau de musique particulièrement fédérateur. Je connais même des musiciens qui pour retrouver un tempo de 60 ou 120 à la noire, chante quelques mesures de la marseillaise. Comme si ça les connectait directement au rythme de la seconde. Ceci dit juste pour la petite anecdote …
Le rythme de la seconde fédère, rassemble, met sur le même pied, met en commun.
Seulement voilà, il y a un hic.
La seconde ne correspond pas à notre rythme individuel naturel. Il est trop rapide.
Nous nous y somme tellement habitués que nous ne nous en rendons pas compte sauf que…. nous vivons parfois dans le sentiment perpétuel que notre vie est une véritable “course contre la montre”
“En retard, en retard, …j’ai rendez-vous quelque part…
Je n’ai pas le temps de dire au revoir, je suis en retard, en retard…”
Une autre image forte du stress et de l’angoisse qu’entraîne la notion du “temps” est ce bon vieux capitaine crochet. Celui-ci entre en panique totale au simple “Tic Tac” de son “ennemi” crocodile. L’extrait vidéo montre tout son corps qui vibre de peur au rythme des secondes du réveil du crocodile, symbolisant le temps qui passe. Au pays imaginaire, le temps qui passe est pour le capitaine crochet (personnage adulte animé par des ambitions de pouvoir) son pire cauchemar, après Peter Pan bien sûr … . Le crocodile qui a déjà goûté à la main du capitaine voudrait bien se délecter du reste.
Le matra : sortir du temps communautaire et retrouver son rythme personnel
Quand on fait du pranayama (exercices de souffle et de respiration du yoga), un des premiers objectifs est de rythmer sa respiration.
Il existe plusieurs rythmes. Par exemple :
- dans le samavritti pranayama, le temps de l’inspiration, le temps de l’ expiration et le temps des rétentions de souffles sont égalisés. Si j’inspire pendant 4 temps, je vais retenir mon souffle les poumons pleins pendant 4 temps, puis je vais expirer pendant 4 temps et retenir mon souffle les poumons vides pendant 4 temps.
- dans le visamavritti pranayama, les temps sont non égaux. Par exemple, si j’inspire pendant 4 temps, j’expire pendant 8 temps.
Mais en yoga, l’unité de temps n’est pas la seconde. C’est le MATRA.
Ses caractéristiques sont :
- Il est plus lent que la seconde (entre une et deux secondes).
- La “méthode de calcul” du matra (si on peut appeler ça une méthode) est de faire le tour du genou avec le majeur puis de claquer des doigts. Ne me demandez pas où nos chers amis yogis ont été cherché ça. Je n’en sais rien du tout. Je connais juste la formule : faire le tour du genou + claquer des doigts = 1 matra.
- Il est personnel. A chacun son matra, sa propre unité de temps
Ca, c’est quand même génial. Ca veut dire que :
- je vais ralentir : qui dit ralentir son souffle dit “tout” ralentir : ses pensées, ses activités, … Tout à coup, je peux prendre conscience que “Je peux prendre le temps dont j’ai besoin”. Et ça, ça fait du bien
- je vais partir à la recherche de mon rythme personnel : Je ne fais plus comme tout le monde. Je n’ai pas besoin de référence extérieure. Juste mon rythme à moi, qui me convient, adapté à mon corps, mes énergies, … C’est tellement doux tout à coup … Je sens que les choses s’harmonisent. Je suis en contact avec ma nature, avec mon environnement, … (allez j’ose … avec l’univers ?)
A vous de jouer
Simplement, prenez une posture assise et respirez en Ujjayi. Détendez –vous, calmez et allongez votre respiration.
Installez un rythme dans votre souffle (par exemple : l’expiration deux fois plus longue que l’inspiration) en comptant sur le rythme du matra.
Maintenez la pratique 5, 10, 15, …. 25 minutes.
C’est magique !
Bonne pratique !
mais hélas, l’école commencera toujours à 8h30, le boulot à 9h, finira à 17h30, la nounou à 18h …. même si on ralentit sa respiration, si l’on suspend son propre temps, autour de nous, cela continuera de tourner …mais je reconnais que ralentir sa respiration c’est appréhender la détente.Et c’est déjà un 1er pas !
Bonjour Aurore,
Et oui nos agendas sont chargés, surbookés. Comme vous le dites, les faits seront toujours les faits. Et ils ne changeront pas. Nous ne pouvons agir que sur nous-mêmes et sur la façon dont nous percevons ces situations et dont nous y réagissons.
Trouver son « temps personnel » permet d’éviter de se laisser entraîner dans une spirale infernale en prenant plus de recul sur les choses. De rester centré, connecté et clair d’esprit plutôt que de gaspiller son énergie et de s’épuiser.
Je me rappelle souvent une phrase que me répétait mon premier professeur de yoga : « Celui qui tient le fil de son souffle tient le fil de sa vie ». Ce n’est pas un coup de baguette magique, c’est une expérience, c’est un cheminement avec des hauts et des bas, mais ça vaut toujours la peine de s’y investir.
Namaste